En 2014, la distillerie berlinoise mettait la clef sous la porte sous fond de baisse des ventes, et hausse des prix du gaz et des céréales. Mais aujourd’hui, la chance lui sourit et elle affiche des bénéfices records pour le premier trimestre 2018 : 7,7 millions d’euros ont été réalisés. Cette réussite : on la doit en partie à Erlfried Baatz, ancien responsable de la section bière du géant « Oetker », qui a repris les rennes de cette entreprise familiale, et réintroduit la liqueur de menthe poivrée Berliner Luft.

Il a complétement dépoussiéré la marque Berliner Luft en s’inspirant du packaging décalé de la bière américaine « Pabst Blue Ribbon », qui fait fureur aux Etats-Unis. Et le résultat est sans appel : la distillerie a vendu 430 000 bouteilles en seulement quatre mois, soit plus que l’ensemble des ventes de la marque en 2013.

L’ascension de la distillerie et sa boisson salvatrice était lancée ! Cette évolution est aussi du à la conjecture actuelle : le snaps à la menthe poivrée est redevenue à la mode, et très appréciée des jeunes.

La célèbre marque de sport Puma réutilise le vert de Berliner Luft pour créer la basket « Pfeffiboys », en hommage au nom donnée aux marques spécialisées dans la production de liqueur mentholée (« les Pfeffi »). Puis, la distillerie décide de s’associer avec des grapheurs pour créer une édition « underground » de la liqueur à succès. Ensuite, c’est autour d’une entreprise italienne de peinture en bombe d’imaginer une nouvelle couleur pour rhabiller la Berliner Luft.

A l’heure actuelle, l’engouement est tel pour la boisson que la marque s’est diversifiée. Elle est dorénavant disponible en d’autres goûts : saveurs d’orange et chocolat, ananas-coco, et d’autres versions extra-fortes. Les bouteilles en forme de porte de Brandebourg,ou de tour de télévision de Berlin, sont particulièrement appréciées des touristes.

Aujourd’hui, Berliner Luft représente environ deux tiers de la production de la distillerie Schilkin, qui produit également du gin et de la vodka. Les ventes de la liqueur à la menthe poivrée ont augmenté de 138 % d’une année sur l’autre : soit 2,3 millions d’unités vendues en 2017.

Pour mieux comprendre les enjeux de cette renaissance, il faut revenir quelques années en arrière.

En 1921, Natalie et Apollon Schilkin fuient la révolution russe pour Berlin. Les fabricants de vodka fondent leur propre distillerie dans le quartier Kaulsdorf : elle sera détruite pendant la Seconde Guerre Mondiale, puis reconstruite en 1945.

En 1971, le gouvernement est-allemand prend le contrôle de l’entreprise mais donne la possibilité à Sergei Schilkin (petit-fils d’Apollon) de diriger la distillerie jusqu’en 1981, date de son départ en retraite.

En 1992, après la réunification allemande, la distillerie Schilkin est privatisée et la direction revient à la famille : d’abord le gendre de Schilkin, Peter Mier, et ensuite le petit-fils, Patrick Mier. Malgré les nombreuses tentatives infructueuses pour sauver l’établissement, les propriétaires vendent l’affaire à M.Baatz.

 

Ne buvez pas et ne conduisez pas. Profitez-en de façon responsable.

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