prohibition

La prohibition, en 3 conséquences inattendues

De 1920 à 1933, les Etats-Unis interdirent le commerce de l’alcool (la prohibition). Al Capone, cocktails et bar clandestins : les mythes abondent. Nous les explorons dans un article en trois parties.

 

1/3 – Prohibitions & Gangsters

La prohibition sera éternellement liée à l’image du mafieux, cigare à la bouche et mitraillette au poing. Pourtant, Chicago, la ville d’Al Capone, est probablement plus dangereuse aujourd’hui qu’alors. Néanmoins, il est indéniable que le crime organisé doit en large mesure sa prospérité à cette très particulière période de l’histoire américaine. Avant elle, Capone et les autres rois de la mafia n’étaient bien souvent que des petites frappes. A partir de 1920, les plus intelligents surent se transformer en courroies de transmission : ils dénichaient les fournisseurs d’alcool illégal et protégeaient le transport. Une fois en ville, ils cachaient la marchandise et la distribuaient aux bars clandestins. Leur violence était principalement dirigée contre leurs concurrents, d’autant plus que le négoce était lucratif. Et, petit à petit, précisément pour s’enrichir un peu plus, ils devinrent eux-mêmes producteurs et revendeurs au détail. Les considérables sommes ainsi obtenues favorisèrent le développement d’organisations clandestines très puissantes et d’une économie parallèle qui ne disparut pas avec la fin de la prohibition. Les profits du secteur de l’alcool servirent à créer d’autres sources – la drogue notamment.

Mais il n’y avait pas que le mafieux des films d’Hollywood à profiter de l’illégalité soudaine d’une substance très populaire. Moins romantique que le gangster, il fallut aussi compter sur le policier et le fonctionnaire corrompus, le médecin falsificateur de certificats permettant l’achat d’alcool ‘médicinal’ ou encore le simple citoyen. Pour ce dernier, le simple fait d’acheter une bouteille sous le comptoir ou de commander un whisky dans un speakeasy pouvait le transformer en criminel. Et c’est bien là le pire trait de la prohibition : en rendant illégal un acte commun, elle poussa le citoyen lambda à fréquenter le gangster et fit du buveur un complice en puissance du crime organisé. Et comment ne pas sentir un brin de sympathie pour le bandit qui, balafre au visage et couteau au poing, ne faisait finalement que vous fournir ce que vous pouviez encore acheter, il y a peu, chez l’épicier d’à côté ?

 

François Monti

 

Ne buvez pas au volant. Consommez avec modération.

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