L’infusion réinvente l’esprit du Gin

Par Nathalie Baylaucq 1.07.2025

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Pendant longtemps, le gin était l’apanage du tonic de grand-père, au goût sec, médicinal, dominé par le genièvre. Puis, presque sans prévenir, il est devenu le terrain de jeu préféré des bartenders et des distillateurs du monde entier.

Aujourd’hui, dans les rayons des cavistes, au cœur des bars à cocktails, ou sur les réseaux sociaux, un phénomène prend de l’ampleur : le gin infusé.

Fleuris, fruités, épicés, herbacés ou même salins, ces gins aromatisés marquent une rupture culturelle. Une réinvention du spiritueux à travers l’infusion, douce révolution liquide qui réunit tradition, design, terroir et innovation.

Une mutation en douceur… et en couleur

Dès le début des années 2010, les distilleries artisanales britanniques, puis européennes et américaines, amorcent un virage. Dans leurs alambics, elles osent : ajout de pétales de rose, macération de fruits rouges, touches d’agrumes exotiques, notes de thé noir ou d’algues marines. Un virage olfactif et gustatif, mais aussi esthétique. Ces gins infusés se distinguent par leurs teintes : rose bonbon, jaune safran, violet lavande. Le spiritueux change de visage et attire une nouvelle génération de consommateurs, plus sensibles aux arômes subtils, au packaging léché, à l’instant visuel autant qu’au goût.

« Le gin est devenu un support d’expression créative », explique un distillateur espagnol à l’origine du très populaire Puerto de Indias Strawberry. « On ne parle plus seulement d’un alcool de base, mais d’un produit sensoriel, qui raconte une histoire. »

Le boom du pink gin : point de bascule

C’est sans doute l’explosion du gin rosé — ou pink gin — qui cristallise la bascule. Loin de la recette originelle du XVIIIe siècle (gin + bitters), le pink gin des années 2020 est infusé de fraise, framboise ou rhubarbe. Gordon’s, Beefeater, Edinburgh Gin, Whitley Neill… toutes les grandes marques déclinent leur version, souvent en série limitée. Résultat : un succès viral, notamment auprès d’un public plus jeune et féminin. Instagram devient son meilleur ambassadeur.

Mais derrière la douceur apparente, les infusions ouvrent aussi la voie à une complexité inattendue.

Le gin, nouveau parfum du terroir

Le gin infusé devient l’expression d’un territoire. À Ibiza, les distillateurs de LAW utilisent des figues de Barbarie et du citron d’Amalfi. En Provence, Comte de Grasse fait infuser lavande, mimosa et rose centifolia. Au Japon, le Roku Gins’ouvre au yuzu, au thé sencha et à la fleur de cerisier. Et dans les pays nordiques, on réinvente les infusions avec genièvre sauvage, baie d’argousier ou algue d’Arctique.

Certains gins adoptent même des infusions typiquement gastronomiques : basilic et citron vert pour accompagner une cuisine italienne, poivre de Sichuan pour un pairing asiatique, truffe ou betterave pour des expériences plus radicales.

« Ce qui frappe, c’est que l’infusion crée un langage universel », analyse une sommelière spécialisée en spiritueux. « On peut parler du terroir en gin comme on parle de cépage en vin. »

L’après-modernité du gin

Au-delà de la tendance, certains observateurs y voient un phénomène plus profond : la démocratisation du gin par la personnalisation. L’infusion permet à chacun de s’approprier le produit. Des kits maison apparaissent, des bars proposent des ateliers DIY, des marques comme GinRaw ou Hernö misent sur la co-création.

Et le gin s’affine aussi avec le temps : infusions vieillies en fûts, techniques de cold brew, distillation sous vide pour préserver la délicatesse des huiles essentielles. Le gin devient parfois même… un faux gin : sans alcool, mais infusé d’épices, d’herbes et de fleurs — une nouvelle frontière portée par la tendance « no/low ».

Une créativité sans limites

Si la vodka a longtemps dominé l’univers des spiritueux aromatisés, le gin s’impose désormais comme le laboratoire du goût. Car l’infusion offre un équilibre rare : complexité aromatique, faible taux de sucre, et grande versatilité en mixologie. Des cocktails classiques (Gin Tonic, Negroni, French 75) aux créations les plus audacieuses, les gins infusés changent les règles du jeu.

Et l’aventure ne fait que commencer. Aujourd’hui, Maison Villevert nous a créé un gin : JUNE Mangue & Fruit de la Passion. Demain, on parlera peut-être de gins fermentés, d’infusions saisonnières ou même de gins-métavers. Mais une chose est sûre : le gin n’est plus un simple spiritueux. Il est devenu un art liquide en constante réinvention.

Et mon gins infusé préféré de chez Bear Brothers…

le BB/09 – C’est un best seller mais pour de bonne raison, c’est un gin singulier qui allie équilibre et personnalité, pour une dégustation très élégante pour sa richesse et son profil aromatique, façonné par trois botaniques supplémentaires.

La coriandre affirme son caractère méditerranéen, la bergamote lui confère une profondeur aromatique rare, tandis que le poivre de Timut y insuffle une vivacité inimitable vraiment !

1. Pink Gin Tonic revisité

• 5 cl de gin rose
• 10 cl de tonic
• 2 framboises fraîches
• 1 tranche de citron
• Glaçons

Préparation :
Versez le gin sur les glaçons, ajoutez le tonic, les framboises, une tranche de citron. Remuez délicatement.

2. Rosé Fizz

• 4 cl de gin rosé
• 2 cl de jus de citron frais
• 1 cl de sirop de sucre (ou miel liquide)
• 5 cl d’eau pétillante
• Glaçons

Préparation :
Shakez le gin, le citron et le sirop. Versez sur glaçons, complétez avec de l’eau pétillante.

3. Litchi Pink Martini

• 5 cl de gin rosé
• 2 cl de liqueur de litchi (type Soho)
• 1 cl de jus de citron
• 1 litchi en déco

Préparation :
Shakez tous les ingrédients avec des glaçons, filtrez dans un verre à martini, décorez avec un litchi.

4. Pink Collins

• 4 cl de gin rosé
• 2 cl de jus de citron
• 1 cl de sirop de framboise ou grenadine
• Eau pétillante
• Glaçons

Préparation :
Mélangez le gin, citron et sirop dans un shaker. Servez sur glaçons, complétez avec l’eau pétillante.

Ne buvez pas au volant. Consommez avec moderation.

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