Hardy

Pour les Hardy, le Cognac est une affaire de famille.

 Bénédicte Hardy, qui se trouve sur ce mur ?

Le portrait central est celui du fondateur de la Maison Hardy, Antoine Hardy. Donc, c’est mon arrière-arrière-grand-père. Juste en dessous se trouve Valère Hardy, son fils.

À gauche se trouve un portrait de mon grand-père Armand Hardy, qui était à la tête de la Maison jusqu’en 1957, l’année de son décès. Et à droite se trouve Jacques Hardy, mon père, qui était PDG de la Maison jusqu’en 1999.

 

 

Quel membre de la famille vous a le plus inspiré ?

Mon père est celui qui m’a le plus inspiré à rejoindre l’industrie des spiritueux. J’ai grandi dans une famille où les femmes étaient fortes et respectées, mais aucune n’avait vraiment embrassé l’industrie des spiritueux comme je l’ai fait. J’avais choisi les sciences politiques et le droit comme matières principales à l’université et je n’aurais jamais pensé me retrouver dans l’entreprise familiale.

Mon père, qui était président de notre entreprise à l’époque et responsable exportation car il parlait plusieurs langues, n’avait jamais cherché à m’influencer de quelque manière que ce soit… mais quand j’ai décidé de ne pas vouloir exercer le droit et lui ai dit que je voulais me tourner vers l’industrie du vin, il a mentionné qu’il serait certainement ravi de travailler avec moi à ses côtés… Ma réponse a été Oui, mais à une condition : pouvoir m’occuper des États-Unis… une décision que je n’ai jamais regrettée.

Il m’a spécifiquement dit qu’il m’apprendrait tout sur le cognac, comment le déguster, l’apprécier mais aussi que le chemin serait difficile… Je me souviens clairement qu’il a dit que en étant une femme et sa fille, je devrais travailler plus dur, plus longtemps et ne pas être autorisée à commettre d’erreur. Je suis sûre qu’il n’aurait jamais dit cela si j’avais été un fils au lieu d’une fille…

Et enfin il a dit : nous avons besoin de plus de femmes dans notre industrie et il serait fier d’ajouter Hardy et Filles (filles) compte tenu que ma sœur travaillait dans notre entreprise à l’époque au lieu de Hardy et Fils (fils) comme de nombreuses entreprises le faisaient dans le passé.

 

Pouvez-vous nous décrire votre enfance ?

J’ai eu une enfance heureuse et privilégiée dans le sens où mes parents étaient attentifs à leurs deux filles (ma sœur Sophie étant ma cadette). Ils nous ont aidé à croire en nous-mêmes et à nous construire dans un monde où les femmes n’avaient pas la place qu’elles ont aujourd’hui.

Les clients étaient accueillis dans notre famille, et il n’était pas rare de commencer une conversation en anglais, de la poursuivre en espagnol ou de la terminer en allemand, en fonction de qui était à notre table. Cela nous a donné une forte appréciation des langues et du partage dès un très jeune âge. Dès mon plus jeune âge, j’ai vu que mes parents avaient construit un incroyable réseau d’enthousiastes/amis de toutes nationalités venant acheter du cognac Hardy autant pour la qualité des spiritueux que pour le plaisir d’être accueillis chez nous. Cet aspect convivial et généreux m’a toujours inspiré depuis mon plus jeune âge.

Ma mère était une cuisinière fantastique qui adorait recevoir et partager ses recettes avec les clients de la Maison Hardy. Avec ma sœur, nous avons rencontré très tôt des amateurs de cognac de tous horizons et en avons tiré le meilleur de cet environnement cosmopolite.

Mon père était un homme travailleur, vif et plein d’humour, qui nous a inculqué les valeurs du travail, de l’effort et du respect des autres.

Nous étions aussi très portés sur le sport, en particulier l’équitation, et je ne remercierai jamais assez mes parents pour leur patience et pour passer des week-ends entiers avec leurs filles sur les terrains de compétition.

Apprécier et découvrir les vins et spiritueux faisait également partie de notre éducation, mais cela nous emmène au-delà de l’enfance…

Quand avez-vous goûté pour la première fois au Cognac Hardy? Lequel était-ce et qu’en avez-vous pensé?

Ma première expérience avec le « cognac » s’est déroulée avec mes parents lors d’un dîner avec l’importateur Hardy au Kenya, avec qui mon père avait formé une forte amitié. Je venais d’avoir 16 ans et cet homme était un grand amateur de notre cognac Noces d’Or. D’origine indienne, il a insisté pour me faire goûter une goutte de ce cognac qu’il appréciait particulièrement.

C’était à la fois transgressif (qui boit du cognac à un si jeune âge?), déconcertant car je commençais à peine à boire un peu de vin à table, et le début d’une expérience d’apprentissage. Mais cette goutte d’or, comme il l’appelait, est restée gravée dans ma mémoire comme un rite de passage, une expérience que je n’ai jamais oubliée. Forte en effet, mais aromatique sont les adjectifs qui restent dans ma mémoire.

 

Quelle a été votre expérience d’apprentissage?

À la fin de mes études de droit, j’ai envisagé de retourner dans le monde du vin car c’était vraiment mon éducation et ma passion. Mon goût pour le cognac est vraiment venu avec le temps et grâce à mon père et mon oncle, Francis Hardy, qui était notre maître de chai avant de se tourner vers la politique et de devenir le Maire de Cognac.

C’était un processus progressif et régulier (à chaque fois que je rentrais de Bordeaux quand j’étais étudiant) puisque ces deux mentors m’ont convaincu de boire très peu de nos eaux-de-vie mais de les goûter régulièrement afin de comprendre leurs caractéristiques et subtilités. Je dois admettre que j’apprends encore et que nous continuons à découvrir au fil des ans à quel point le cognac est riche, complexe et charmant.

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Pourquoi avez-vous continué l’héritage familial?

Continuer l’héritage familial n’était pas un choix évident au début de ma vie d’étudiant, car j’avais choisi un chemin totalement différent. Lorsque j’ai rejoint la Maison Hardy à la demande de mon père, il ne m’a pas caché que ce serait difficile, exigeant, mais absolument fascinant. Je ne pensais pas que je serais toujours à la Maison presque 38 ans après avoir accepté le poste de Responsable Export pour l’Amérique du Nord en 1986. La légende se construit au fil du temps, mais je te jure qu’au début, je n’étais pas sûr de vouloir continuer après quelques tentatives infructueuses sur le marché (américain) que j’avais choisi.

Continuer à écrire l’histoire Hardy était plus évident pour nos clients que pour moi… J’avais une terrible peur de les décevoir. Mais c’étaient ces mêmes clients qui m’ont donné le souffle et l’énergie pour poursuivre l’aventure. C’était pour eux que je voulais travailler sur un angle peu exploité dans les années 1980. À part Rémy Martin avec Louis XIII, qui, pour une petite maison de notre taille, aurait misé sur le luxe et l’ultra-premium comme l’avait fait mon père en 1981 avec le lancement du cognac de son arrière-grand-père, Perfection?

 

Quelle est votre philosophie concernant le cognac Hardy?

Ma philosophie : être unique et différent ! La qualité et l’exception ont été mes guides depuis le premier jour et le sont toujours aujourd’hui. Oser faire ce que personne n’avait fait avant nous et ne pas copier les autres résume assez bien ma philosophie pour la marque. Collaborer avec des maisons de verre ou de cristal françaises prestigieuses comme Daum ou plus récemment Lalique avec Les Quatre Saisons a été une expérience sans égal et une joie partagée avec nos équipes. Si Dieu me prête vie, j’ai beaucoup d’idées qui devraient continuer à surprendre et plaire aux fidèles amis de la Maison Hardy. En espérant !

 

 

Propos de Bénédicte Hardy recueillis par Nathalie Baylaucq

 

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