Notre voyage à la découverte inattendue du Blind Pig
Au mois de mai nous avons découvert le Blind Pig lors d’une escapade entre cousines à San Sebastian.
Avec Claude, nous partons à la gare d’Hendaye où nous avons décidé de prendre « El Topo », un train navette qui relie Hendaye et San Sebastian. Mais la journée fut jonchée d’embûches.
À la gare, au guichet automatique, j’oublie de prendre mon argent.
Trente minutes avant d’arriver à San Sebastian, je m’aperçois à Irun que j’ai oublié mon sac à la gare d’Hendaye. Nous descendons du train pour avertir le responsable de la Gare de Irun qui nous propose à notre grand étonnement de ramener le sac avec le train suivant.
Miraculeux ! Ça ne se passe pas comme ça en France ! Mais comme dit le proverbe jamais deux sans trois !
À notre arrivée à San Sebastian, le temps est agréable. Nous marchons sous un ciel bleu un ou deux kilomètres avant d’arriver à la plage où se trouve notre hôtel, face à la mer. L’hôtel est ravissant et le réceptionniste très charmant mais… Encore un hic ! Nous nous sommes trompées de date… Coup de chance, il reste une chambre ! En espérant que notre malchance nous quitte !
Le soir j’ai programmé, une liste de plusieurs bars pour faire un petit reportage : les bars de San Sebastian. Il est 20h et non loin de l’hôtel, nous partons à la recherche du premier Bar : Le The Blind Pig ! (Le Cochon Aveugle).
Á la découverte du Blind Pig
Après avoir tourné en rond dans le quartier, nous repérons une porte en laiton au milieu d’un mur tagué. Sans nom, sans numéro, une vraie adresse cachée. Nous tapons à la porte, nous nous présentons et le propriétaire cordial nous fait entrer.
Nous sommes les seules… Normalement il faut prendre RDV, nous dit Marco Ferreri, bartender du Blind Pig, mais la chance nous sourit ! Eh oui, un petit miracle car le Blind Pig est exactement le genre de bar que je recherche.
Nous entrons dans un bar que je définirais comme hors du temps, du genre prohibition, ambiance jazz des années 50 et feutré. Le bartender est habillé comme à l’époque ; larges bretelles, chemise blanche, voix de crooneur, œil de velours ! En effet nous sommes dans un speakeasy espagnol avec un bartender totalement passionnant et passionné par son métier.
Menu en main, dès la première page nous pouvons lire cette description :
Pour parler de ces établissements, il faut se référer à l’époque de la dry law aux États-Unis. Pendant plus d’une décennie, entre 1920 et 1933, le commerce et la consommation de boissons alcoolisées ont été interdits aux États-Unis.
Bien qu’il puisse sembler que cette décennie ait été difficile pour les serveurs de bar et les mixologistes, elle a finalement été l’une des plus bénéfiques pour le secteur.
Cependant, ce qui semblait être la fin des bars n’a fait qu’inaugurer une nouvelle ère. Le refus légal de vendre de l’alcool a donné naissance aux bars clandestins, des bars cachés auxquels seuls quelques personnes avaient accès.
Aujourd’hui, dans le monde entier, des bars et des restaurants se cachent dans des coins peu connus où ils accueillent leurs visiteurs dans un cadre tranquille, à l’écart de l’agitation de la ville.
Photo: theblind-pig.com
La pièce n’est pas grande, assez pour 10 personnes. Nous nous installons au bar. En guise de bienvenue, Marco Ferreri nous offre un vermouth année 1970, bon à tomber du tabouret, comme dirait la cousine ! Dans ce joli verre, 2 centimètres de bonheur : un vermouth rouge élégant et exubérant, agréable et doux à la fois, d’un caractère très méditerranéen, magnifiquement rodé par le temps donnant un équilibre à cet élixir d’une rare rondeur, une persistance aromatique.
Photo: Marco Ferreri | Spirits Hunters
Notre hôte me parle en anglais et il parle en espagnol avec ma cousine Claude, il nous présente son bar dans lequel il ne sert que des cocktails raffinés et rares avec des prestations spectaculaires où il épate sa clientèle. Il est passionné par son métier et en perpétuelle recherche de nouveaux goûts dans ses cocktails.
Ferreri nous raconte que ce bar lui a été offert en guise de remerciement, quand le restaurant Amelia by Paulo Airaudo a obtenu sa première étoile.
Nous décidons de commander un cocktail et nous partons sur l’Old Fashioned, un classique qui en dit long !
En voici le descriptif dans le menu :
OLD FASHIONED United States 1806 – Une liqueur stimulante composée d’alcools de toutes sortes, de sucre, d’eau et d’amers. « C’est la première référence écrite au mot ‘cocktail’ en 1806, et une définition de l’ancien. En fait, ‘OLD*’ était un adjectif décrivant toute une classe de cocktails qui suivaient cette simple combinaison avec toutes sortes de spiritueux, y compris le gin et le brandy. Les théories sur les origines du Old Fashioned abondent, mais selon l’auteur de cocktails Robert Simonson, auteur d’un livre sur le sujet, il est probablement né près de Chicago.
Photo: Old Fashioned | Spirits Hunters
Marco Ferreri prépare cet Old Fashioned avec une maîtrise exceptionnelle. Je le filme et Claude reste bouche bée devant la précision et l’élégance employées pour la préparation. Bien fait, le simple mariage du whisky, du sucre et des amers donne l’un des cocktails les plus délicieux que l’on puisse déguster.
Petit verre d’eau glacée et nous goûtons le breuvage divin… C’était parfait, le meilleur en fait. Marco Ferreri nous explique comment il fait son propre bitter et comment il prépare ses propres sauces. Il nous donne ensuite le nom d’un restaurant de tapas.
Déjà 22h30 ! Avant de partir, notre hôte nous indique un formidable restaurant dans les vieilles rues de San Sebastian : El Ganbara. Tapas extraordinaires, élégant the best of each ! Jamón Jabugo bien sûr, salades de fruits de mer, etc. ! Tout cela servi avec un vin délicieux par des serveurs très cool et avenants.
Le meilleur de tout, ce n’est pas étonnant que Marco Ferreri nous ait partagé cette adresse. Imaginez un peu le jambon exquis avec l’Old Fashioned ! Un accord met délicieux !
…À la prochaine fois !
La fin d’une soirée exceptionnelle
Nous avons passé une soirée exceptionnelle, peu commune, rarissime, entrecoupée de fous rires. Nous sommes rentrées fatiguées mais contentes à l’hôtel.
Il faut préciser que sur la route du restaurant, je suis entrée dans un magasin après 22h pour acheter une robe. Je ne l’ai toujours pas portée mais je le ferai en pensant à cette soirée inoubliable.
Le lendemain réveil pluvieux, nous reprenons El Topo dans le sens inverse n’oubliant pas mon sac et la tête bien remise à sa place.
Ce séjour fut génial plein d’imprévus et de découvertes magiques. Cousine Claude m’a dit qu’elle n’avait jamais vu San Sebastian de cette façon ! Et moi non plus ! Je vous laisse avec une interview réalisé à Marco Ferreri dans le cadre de notre visite.
Quatre questions á Marco Ferreri – Bartender The Blind Pig
Photo: theblind-pig.com
1. Pouvez-vous nous expliquer comment vous fabriquez vos bitters (extraits de habanero, etc.) et dans quels cocktails ils peuvent être utilisés ?
Nous travaillons avec un bar à cocktails classique, donc des amers comme l’angostura, par exemple, nous suffisent. Cependant, nous produisons également nos propres amers pour des événements ou des cocktails spéciaux. Ces amers que nous créons sont inspirés de la gastronomie et de la cuisine, grâce à notre collaboration avec le restaurant Amelia. Finalement, nous avons intégré ces amers spéciaux créés pour des événements dans notre carte.
2. Quel est votre cocktail préféré ?
Le Dry Martini.
3. Depuis combien de temps travaillez-vous au Blind Pig ?
Depuis son ouverture en décembre 2021. Le Blind Pig a ouvert ses portes en décembre 2021 dans le but de transmettre le concept d’exclusivité et d’offrir une expérience au-delà des cocktails. Pour maintenir une atmosphère active et dynamique, nous avons organisé des événements mensuels avec différents thèmes, où nous préparons des cocktails classiques d’une manière spéciale pour chaque occasion.
4. Vous nous avez dit avoir reçu ce bar en récompense de l’obtention d’une étoile pour le restaurant, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette expérience ?
Le chef Paulo Airaudo a décidé d’étendre le service exclusif qu’il offre aux clients de l’hôtel Villa Favorita et du restaurant Amelia lorsqu’il a obtenu la deuxième étoile pour le restaurant. C’est ainsi qu’est né The Blind Pig, un nouveau projet inspiré des origines des speakeasies, avec l’idée de maintenir quelque chose d’exceptionnel et d’offrir un service personnalisé à nos hôtes, et de vouloir transmettre le concept du speakeasy des années 1920. Speakeasy était le nom donné aux établissements qui vendaient illégalement des boissons alcoolisées pendant la période historique aux États-Unis (et au Canada) connue sous le nom de Prohibition ou Loi de la Prohibition (1920-1932).
The Blind Pig
San Bartolome Kalea, 23, 20007 Donostia, Gipuzkoa, Espagne
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